Quand le respect de la nature ne suffit pas : ma rencontre avec un chevreuil
Aujourd'hui, je veux partager avec vous une expérience qui m'a beaucoup fait réfléchir, une de ces rencontres en pleine nature qui, au-delà de l'émotion, pose aussi des questions sur notre impact...
Aujourd’hui, je vais vous emmener dans une de ces rencontres furtives, presque magiques, qui laisse une empreinte bien plus profonde qu’on aurait pu l’imaginer. Je vous raconte souvent les moments passés à attendre patiemment qu’un animal se révèle. Mais cette fois, ce n’est pas moi qui ai cherché la faune. C’est elle qui est venue à moi, et j’en ressens encore le mélange d’émerveillement et de remise en question.
Ce jour-là, j’étais en plein tournage pour tester un piège photo haut de gamme. Comme souvent, je choisis de tourner ces vidéos entre midi et deux, pour limiter les dérangements. Au milieu de la nature, chaque geste compte ; on apprend à mesurer l’impact de notre présence, même silencieuse, pour ne pas perturber l’équilibre délicat du vivant. Alors, je me suis installé dans un coin que j’avais minutieusement repéré. Un petit sentier, entouré d’arbustes et de fougères, parfait pour se fondre dans le décor. Tout semblait calme, idéal pour présenter le matériel sans attirer l’attention.
Je me plonge dans l’explication des fonctionnalités, la caméra braquée sur moi, mon regard concentré sur l’objectif. En apparence, tout est sous contrôle, je suis seul avec ma caméra et le doux murmure de la forêt. Mais soudain, un bruit derrière moi. Instinctivement, je me retourne, mais ne vois rien. Le cœur un peu plus alerte, je balaie les alentours du regard, mais rien ne bouge. « Juste le vent, » me dis-je. Je retourne à ma vidéo, essayant de rester focalisé, malgré cette étrange sensation d’être observé.
Quelques minutes passent. Et là, un autre bruit, plus prononcé, cette fois sur ma gauche. Comme un frémissement dans les fougères, une présence palpable, tout près. Je tourne lentement la tête, et… il est là. Un chevreuil. Juste de l’autre côté d’un buisson, à trois petits mètres de moi. Immobile, nous nous observons en silence, comme si le temps venait de s’arrêter.
Son regard est aussi curieux que le mien est fasciné. C’est un instant d’une rare intensité, une de ces rencontres qui vous fait oublier le reste, la caméra, le tournage, tout. Le chevreuil semble hésiter, une lueur d’interrogation dans les yeux, cherchant sans doute à comprendre ce que je fais là, moi, cet humain avec un drôle de dispositif sur un trépied. Nous restons ainsi quelques secondes, à nous sonder. Je ne bouge pas, je retiens presque mon souffle, conscient que le moindre mouvement pourrait rompre cette fragile connexion.
Mais l’instant est bref. En une fraction de seconde, il bondit en arrière, comme pris de panique, ses aboiements déchirant soudain le silence de la forêt. Je reste figé, le cœur serré, un goût d’amertume dans la bouche. Ce n’est pas la première fois que je croise un chevreuil en pleine nature, mais cette rencontre a quelque chose de différent. J’ai dérangé l’animal, et c’était involontaire. Malgré toutes mes précautions, malgré cette vigilance qui m’accompagne à chaque sortie, j’ai provoqué une réaction d’alerte, un stress inutile pour ce chevreuil.
Depuis ce jour, je ne cesse de repenser à ce moment. Comment aurais-je pu éviter cela ? Aurais-je dû choisir un autre emplacement, ou peut-être un créneau horaire différent ? Cette rencontre inattendue m’a rappelé que, dans nos activités en pleine nature, même en étant respectueux, nous ne sommes jamais à l’abri d’un dérangement. Ce n’est pas tant notre présence physique qui importe, mais l’empreinte émotionnelle qu’elle laisse derrière elle, pour nous comme pour l’animal.
Et vous, cela vous est-il déjà arrivé ? Partagez vos expériences, bonnes ou mauvaises en commentaire.
J’espère qu’en partageant cette expérience, je vous invite, vous aussi, à réfléchir à l'impact que nous avons, même en voulant bien faire. Finalement, chaque sortie, chaque tournage est une nouvelle leçon, une manière de s’améliorer et d’avancer, de mieux cohabiter avec cette nature que l’on aime tant. Si vous avez besoin de conseil, ou d’une base pour pratiquer votre passion de la Nature avec éthique, je ne peux que vous proposer de regarder ma vidéo sur l’éthique de la photo animalière.